Comprendre la mondialisation (13)

La suite de notre analyse sur la mondialisation.

« Le triomphe de la globalisation », titre du chapitre 4 de « Qu’est-ce que la mondialisation ? » de C-A Michalet, permet de qualifier la troisième configuration de la mondialisation.

En effet, après la configuration Inter-Nationale (la première) et la configuration Multi-Nationale (la deuxième) émerge donc dans les années 1990 la configuration Globale. Bien sûr les caractéristiques des configurations précédentes perdurent mais de nouvelles caractéristiques vont dominer.

C-A Michalet voit les origines de cette nouvelle configuration dans la réaction aux politiques économiques (keynésiennes) et à leur incapacité à résoudre la crise des années 1980. C’est la revanche des néo libéraux avec des figures comme M. Friedman, par exemple et aussi ce que J. Williamson a appelé le fameux « consensus de Washington ». C’est la croyance dans le Marché. C-A Michalet prend l’image d’un « text book » unique qui va délivrer « la vérité économique » et dont les grandes croyances pourraient se résumer en 1 – Abaisser le poids de l’intervention de l’État, 2 – Favoriser l’initiative privée, 3 – Libéraliser l’environnement économique. Nous retrouvons ce que Reagan et Thatcher ont développé et diffusé chez eux, et dans le monde, y compris en France sous les socialistes à partir de 1983, et bien sûr en Europe !

Ainsi « l’outil principal de cette mutation a été le processus de la déréglementation ». J’ai repris les détails de cette analyse, connue de tous aujourd’hui, en m’appuyant sur F. Lordon et C-A Michalet dans ma chronique n° 20 « Comprendre la crise » ainsi qu’un résumé dans ma chronique 79 « En Europe, la souffrance sociale ne fait que commencer… » [Rappel des mots clés : déréglementation des marchés de capitaux ; désintermédiation bancaire ; décloisonnement des marchés de capitaux ; l’ouverture du capital des entreprises ; innovations financières (titrisation… ) ; incitations diverses (stock-options…).]

C’est ainsi que C-A Michalet explique l’origine de la dimension dominante de la troisième configuration de la mondialisation à savoir la dimension financière, c’est-à-dire la circulation des capitaux financiers.

Et il est clair que l’on passe d’un « capitalisme entrepreneurial » (Aglietta) à un « capitalisme patrimonial » (Aglietta) ou, et je préfère cette expression, à un « capitalisme actionnarial » (Lordon), à distinguer du « capitalisme financier » (nuance introduite par F. Lordon pour distinguer la logique de l’actionnaire de la logique de la finance de type produits structurés…).

Pour C-A Michalet, une des caractéristiques majeures de la configuration globale est que nous assistons  à une déconnexion entre la dimension financière et la dimension réelle (production, investissement).

Nous avons vu qu’auparavant les capitaux étaient au service des marchands, configuration Inter-Nationale puis des Firmes Multinationales (FMN), configuration Multi-Nationale.

Aujourd’hui, l’essentiel des capitaux est « au service des rentiers ». C’est la logique financière. Les mouvements de capitaux ont désormais leur logique propre : ils échappent aux déterminations de l’économie réelle. Un exemple parmi d’autres pour illustrer :

« La vente forcée de milliers de logements… à Paris, Lyon, Marseille y compris dans les beaux quartiers… par des grands groupes bancaires, financiers et fonds de pensions US… qui cherchent à rentabiliser leur placement (vente par appartement et/ou rachat global de l’immeuble puis revente par appartement ! plus cher) touche des cadres, médecins, professions libérales… chassés comme des malpropres vers les banlieues, qui découvrent avec stupeur que le capitalisme (oups… on dit économie de marché, maintenant) à l’anglo-saxonne, uniquement tourné vers la rentabilité à court terme et la satisfaction de l’actionnaire n’a pas d’états d’âme. » Canard enchaîné 19/01/05 et 02/02/05.

À suivre…

Kritik

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